Quand fondra la neige, où ira le blanc
Le titre d’une exposition en préparation à la galerie parisienne Les filles
du calvaire, me hante depuis quelques jours. Peut-être est-ce la canicule
ambiante qui crée en moi une envie d’Islande et de grand plongeon au fond de
mon congélateur, peut-être que c’est ce dernier article sur le réchauffement
climatique, mais je n’arrive pas à m’en détacher.
« Quand fondra la neige, où ira le blanc »
Cette œuvre, puisqu’il s’agit au départ d’une œuvre de Rémy
Zaugg m’a toujours fasciné. En écumant les sites internet des FRAC de France,
j’avais découvert cette acquisition par hasard et finalement réalisé quelques
recherches sur l’artiste, sans pousser trop loin.
J’ai toujours été attiré par le blanc dans les œuvres d’art,
notamment picturales.
« Couleur » de l’absence alors que techniquement
apposée sur un support, répondant du paradoxe des pleins et des vides, le blanc est aussi une étape de l'impermance, un devenir certain, un emblème contemporain de lumière. Je repense à un article du
Blog de Lunettes
rouges concernant une série d’œuvres disparues de Simon Hantaï que je
rapporte ici :
« Autre couleur sollicitée et tout autant immatérielle, le lilas qui nait dans cette
Tabula lilas de la vibration entre la toile grège, non apprêtée, et la peinture
blanche apposée sur la toile : une ‘modulation colorée du blanc’ (GDH) quasi
fluorescente. Hantaï a dit « ce qui compte, ce n’est pas ce que je peins, mais
ce que je ne peins pas, le blanc » ; si cette phrase s’applique d’abord aux
pliures, à l’invisibilité des réserves blanches que laisse subsister sa
technique, elle s’applique aussi fort bien ici dans cette vibration colorée qui
apparaît dans cette toile unique. Unique car la dizaine d’autres qu’Hantaï
peignit selon la même technique, exposées en 1982 à la galerie Jean Fournier,
jaunirent à la lumière du soleil, faute d’apprêt, et perdirent toute magie,
tout effet lilas. »
De la magie c’est ce qu'est le blanc, c’est une pause
avant l’histoire, un suspend muet avant le film ou la révélation d'une photographie ancienne et qui... nous échappe ?? Les salles des musées sont elles aussi plongées dans le noir la
nuit pour que chaque jour reparaissent les images.
Quand il n’y aura plus de climat, c'est dans les musées que nous trouverons la neige.
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