Toute photographie est coupable d'histoire, Palmyre et le temple de Bel
En faisant un tour parmi les 60 000 photographies (si l'on enlève les 17 000 photographies érotiques) du site ebay, je suis tombé sur ce souvenir du temple de Bal à Palmyre.
La boutique "ironiquement" intitulée Yestardaysphotos édite en 7 exemplaires ce tirage qui au départ semble daté des années 30.
Que racontait cette photo ? Probablement un voyage heureux pour riches milliardaires en mal d'exotisme. Un moment peut -être inoubliable dans l'esprit de ces person-nages souriants, tout comme les 60 000 autres bribes d'histoires anonymes qui se cachent en images et sont en vente sur le site.
Aujourd'hui ce tirage raconte l'absence, la destruction, le chaos en cours et son potentiel à venir. Ou bien, peut-être par truchement, l'absence venant renforcer la présence, la disparition devenant l'apparition de chaque regard, cette photo ré-affirme la toute puissance d'une image?
Il fut un temps où l'on pensait que la peinture avait le pouvoir de garder les disparus dans un état de semi-présence au monde, en s'attaquant à des ruines l'EI aurait-il seulement réactiver le rayonnement de toutes ces images qui inquiètent tant?
Que racontera cette photo dans cent ans?
Que de riches blancs ont colonisé un pays à partir des années 1920. D'abord des français, puis des anglais et qu'il était de bon ton d'aller se faire photographier devant les ruines du temple de Baal datant de la période hellénistique. Que suite à la seconde guerre mondiale le pays plonge dans un chaos de coups d'état et d'accords politiques successifs et qu'enfin, suite à la montée du terrorisme fanatique, l'état islamique autoproclamé n'a d'autre choix que d'utiliser la culture pour compenser son effort de guerre. Tout le monde sait bien que les collectionneurs les plus scrupuleux sont déjà sur les dents quant à l'acquisition de leurs prochains trophées moraux. Il n'y a donc aucun pouvoir, aucune force, que des insectes en mal de solutions et d'idéaux détestables qui détruisent de belles fourmilières.
Mais la lecture d'image demeure un exercice subjectif.
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