Prix Marcel Duchamp 2016...#les oeuvres vues
Les noms des finalistes du Prix Marcel Duchamp 2016 sont donnés.
Kader Attia, Yto Barrada, Ulla von Brandenburg, Barthélémy
Toguo.
Deux femmes, deux hommes.
Tous nés entre 1967 et 1974.
Tout le monde a accès aux oeuvres et aux images et tout le monde peu
donner un avis sur un artiste grâce à internet. C’est pourquoi plutôt que de
résumer maladroitement des parcours, je préfère évoquer ici quatre œuvres de
ces artistes que j’ai vu dans le monde –réel-.
Kader Attia, Fridges, 2006, installation
Retrospective, Mac Lyon, juillet 2006.
Je découvre Fridges (ici) réalisée pour les espaces du
Musée. Une installation de 150 frigos que l’artiste a transformé en façade
d’immeuble en peignant en faisant peindre des motifs plutôt
géométriques. Vous avancez avec précaution dans cette ville silencieuse où
l’échelle à cause de votre corps à basculer. Une œuvre étrange et forte, qui
porte en elle de sombres critiques notamment sur les rapports de la France
à l’immigration, sur les notions de collectifs et d’individus.
En 2013, sept ans plus tard, j’ai eut la chance d’exposer
cette œuvre. Je me souviens d’un moment très particulier lors de l’exposition, le
soleil passait à travers les barreaux d’une fenêtre et venait dessiner au sol,
au bas d’un des frigos-immeubles, la forme d’une prison d’ombres projetées.
Yto Barrada, Plumber Assemblage, 2009, photographies
Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2015, MAC Lyon, octobre 2015.
Plumber Assemblage, (ici) sont des photographies d’assemblages réalisées par des plombiers d’un souk de
Tanger. Pour être très honnête, je pense que ces photographies de 2009 étaient
là pour servir une démonstration du commissaire sur le monde moderne et ses rapports conflictuels aux objets (création, utilisation,
destruction, re-création). La série était d’ailleurs accrochée dans une sorte
de couloir-passage. Mon souvenir est donc aussi furtif que sans intérêt, avec
l’impression d’être passé devant les photographies en petite foulée avec Aston Ellis remixé par
Cyprien Gaillard dans la tête.
Heureusement, le travail de l’artiste est bien plus
intéressant et fort que le laisse croire mon souvenir.
Ulla von Brandenburg, Kulissen, 2011, installation
Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2011, La Sucrière, décembre 2011.
Des rideaux, d’énormes rideaux qui nous accueillent à l’entrée
de l’exposition de la Sucrière et composent l’installation Kulissen (ici). Coulisse d’une terrible beauté
que l’on verra plus loin par truchement, par contraste au fil de nos propres
limites de spectateurs. Mais dans cet enchevêtrement de rideaux de papier assez dramatique, les espaces de la scène et des coulisses ne sont pas clairement définis. L'oeuvre en englobant le visiteur fait de lui un acteur, tour à tour comédien et voyeur observé. l'installation brouille peu à peu les limites, les charnières entre l'espace de l'art et le monde réel par cette symbolique éminemment classique du rideau de scène et de l'espace en devenir.
Sensuel, faussement simple ou faussement complexe comme beaucoup de ses pièces.
Barthélémy Togo, Road to exile, 2007, installation
Île jamais trouvées, Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, février 2011
Dans la salle principale du musée et dans le
coin gauche, un peu dans la pénombre il y a une barque posée sur un flot de
bouteilles de Vodka. L’embarcation est pleine de paquets enveloppés dans du tissu wax que les européens considèrent comme un tissu typiquement africain (grosse erreur).
Il n'y a personne sur cette barque poussée par un courant rappelons-le de bouteilles de vodka russe.
Radeau de misère abandonné de toute humanité, métaphore consumériste sur le sort des migrants dans les flux européens, marchandisation des identités, Road to exile (ici) est absolument tout cela et c'est aussi une œuvre facile, directe, éloquente, trop dramatique et néanmoins qui frappe juste.
J’étais ce jour là avec quelqu’un qui a disparu depuis et je
ne peux m’empêcher de voir cette embarcation comme une annonce de son …départ. Charon, batelier des enfers n’allait pas tarder.
Le gagnant donné dans quelques semaines.
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