Ballade amoureuse au MAMC Saint-Etienne
Après des années d'absence sur ce blog, des mois de disettes et de béances artistiques, voilà le tant attendu retour au Musée.
Et parce que le MAC Lyon est encore fermé, parce que les baigneuses de Picasso du MBA de Lyon ne m'intéressent pas...direction le MAMC de Saint-Etienne qui propose comme à son habitude quatre expositions (inégales) mais qui font du bien à l'âme, au coeur, au corps...au c....
Robert Morris, the perceiving body / le corps perceptif
Honnêtement je n'allais au musée que pour cette exposition. Très centrée dans sa proposition (à peine une quinzaine d'oeuvres), le parcours réussit l'exploit de rappeler que l'art minimal n'est pas qu'une question formelle mais que cette épopée -principalement américaine- intègre des questions plus sensorielles (voire sensuelles si vous êtes bien accompagné). En jouant sur un corpus des années emblématiques de Robert Morris (1931-2018), les commissaires permettent d'appréhender son travail sous le prisme du corps. Monumentalité, pesanteur, disparition, démultiplication s'articulent sous un vocable géométrique intransigeant qui révèle lentement votre rapport à l'espace, votre présence à l'oeuvre. Mention spéciale pour la "scatter piece" qui délite le principe de scuplture, interroge les bases de l'installation comme englobement du regardeur et me donne des envies de rangement. #psychorigideforever.
Maurice Allemand, ou comment l'art moderne vint à Saint-Etienne (1947-1966)
C'est toujours un plaisir de découvrir les riches, très riches collections du MAMC de Saint-Etienne. Je pense qu'à chaque fois que je suis allé dans ce musée, je n'ai jamais vu les mêmes oeuvres. Il faut dire que 20 000 oeuvres permettent une rotation incessante des collections permanentes mais temporaires (comprenne qui voudra). Un parcours clair qui permet de découvrir par section les immenses acquisitions sous le "règne" de Maurice Allemand. Plus de 200 oeuvres, 120 artistes qui feront et déferont l'Histoire de l'Art et puis quelques chemins de traverses (oui le musée s'est éfforcé de présenter des oeuvres d'artistes femmes...au forceps...). Les grands noms sont là d' Adam à Zao Wou-Ki, du constructivisme à support-surface, je le dis, tout est là.
les plus :
Les salles consacrées aux abstractions et aux collages sont époustoufflantes. Jean Hélion, sans poissons, ni arêtes reste toujours un plaisir des yeux, et un petit découpage-collage d'Aurélie Nemours plus proche d'un Villeglé ou d'un Rotella très étonnant.
les toiles d'araignées dans un mobile d'Alexander Calder..."l'art plus fort que la nature", le temps du confinement n'arrête pas les infestations d'insectes. (ne rend rien en photo)
Le T-shirt Poliakov de mon mec devant un Vasarely.
les moins :
Encore et toujours, il faut s'interroger sur la place des oeuvres d'artistes femmes (17 sur 120 artistes). Bien souvent on sent dans le parcours qu'elles sont là dans un but politiquement correct...mais c'est toujours mieux que rien. Par contre il faudra s'offusquer de la scénographie réservée à Véra Pagava, dont l'oeuvre est coinçée entre des céramiques de Picasso et un masque antilope africain. Est-ce une évocation de la place domestique réservée aux femmes dans l'imaginaire conservationniste? Est-ce un rapport formel entre le pointillisme de son travail et les petits points de couleurs décoratifs sur le masque antilope ? L'entreprise est louable, le résultat est tout simplement navrant.
Après tout ça, difficile de trouver de l'intérêt dans les deux dernières expositions que nous avons survolé... je me contenterai d'ironiser.
Firenze Lai, l'équilibre des blancs
Paradoxalement, un des tableaux n'était pas franchement en équilibre.
Alexandre Léger, Rien ne dure jamais
(et j'ai le même avis sur le confinement et le fait d'être payé à rester chez moi)
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