Mardi Collection Rivoire #3, Ange Leccia, Arrangement Kyoto 1992, éditions du Cercle d'Art

Ange Leccia (né en 1952), Arrangement Tokyo, 1992, CNAP


Que ce soit clair tout de suite, Nadine de Rothschild n'est pas ma mère (bon anniversaire ma p'tite maman!!), et c'est pour cette raison que je ne possède pas dans ma collection l'œuvre d'Ange Leccia, Arrangement Tokyo de 1992...elle appartient au CNAP.

Je n'ai que son multiple, son édition, son "bébé", signé, numéroté qui vient en complément du livre "Bousculer l'ordonnance tranquille des choses" de 2009. L'originale fait la taille d'un écran de très bonne taille (et 12000 balles), mon œuvre fait la taille d'une grosse carte postale (à 35 €).


Ange Leccia (né en 1952), différents "Arrangements", capture d'écran google Images


L'œuvre est une prise de vue de 1992 qui résulte d'un "arrangement" lors d'une résidence de l'artiste au Japon de deux camions adossés sur une pelouse. Un buisson de fleurs rouges (peut-être des rhododendrons ou des azalées) découpe la composition qui joue avec la notion de paysage. Le buisson semble scinder le lointain de la ligne d'horizon avec le premier plan industriel des camions.

Je suis obsédé par cet artiste né en Corse en 1952. Je collectionne ses livres (24) et ses œuvres abordables (3)...mais ses "arrangements" font partie de mes œuvres préférées. Voitures, paquebots, projecteurs de cinéma, motos...se répondent dans des structures volontairement symétriques et froides. Ce qui m'intéresse (en vrai me fascine) dans cette sculpture-arrangement-installation, c'est sa capacité à déranger le regard, à subtiliser la réalité d'un objet pour créer une image neuve et unique.

                                     Ange Leccia (né en 1952), capture d'écran Google Images 

Par l'affrontement, le face à face, Ange Leccia reconstruit des images avec une grande tension à partir d'objets industriels qui se dédoublent et se rassemblent (souvent par la lumière). Le point d'accroche, l'axe d'équilibre de toutes ces sculptures offre une oscillation, entre le dérèglement de notre regard et la banale habitude des formes employées. 

Et puis je viens de tomber sur cet extrait d'une note/œuvre  de Marcel Duchamp : "tous les identiques, aussi identiques qu'ils soient (et plus ils sont identiques) se rapprochent de cette différence séparative inframince, il vaudrait mieux chercher dans l'inframince qui sépare 2 identiques qu'accepter la généralisation verbale qui fait ressembler deux jumelles à deux goutes d'eau".1

En d'autre termes...artistiquement, philosophiquement, scientifiquement, il n'existe jamais deux identiques. Du coup même si je ne possède qu'un multiple de cette œuvre, ben je la possède quand même "ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre".2

l'œuvre est regardable chez moi !






1) Marcel Duchamp, Deux formes embouties dans le même moule, 1912-1968, collection Centre Georges Pompidou (ici)

2) Paul Verlaine, Mon rêve familier, 1866







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