Vendredi Astronomie, Anne Deguelle vous prie d'assiter à, 1999

J'ai vu chaque jour pendant des années les oeuvres d'Anne Deguelle qui ponctuaient les espaces du Lycée Condorcet à Saint-Priest où j'étais élève. Un ensemble d'installations néons reprenant les premières phrases de grandes oeuvres françaises de Proust, Aragon, Baudelaire...(ici)

Logiquement j'ai invité Anne Deguelle a exposer en 2011, peut-être pour la remercier des résonnances que ses oeuvres avaient créées en moi et histoire de délacer pour mieux lacer une boucle.
Lors de cette exposition (Cabinets de Curiosités, Vol I, Scientifica), l'artiste a offert à l'Artothèque un multiple de 1999, "Anne Deguelle vous prie d'assister à ".

capture d'écran site officiel Anne Deguelle, https://www.annedeguelle.com/


Ce mutiple se présente sous la forme d'une invitation qui proposait à son receveur de suivre l'éclipse du 11 août 1999 qui fût l'un des grands spectacles de cet été là.

                    Eclipse du 11 aout 1999, Bordeaux, image d'archives


Contenant une carte des différents centres d'art que l'éclipse allait faire basculer dans l'obscurité le jour J, une paire de lunettes que la France entière s'arrachait comme des flacons de gel hydro-alcoolique en mars 2020, un papier de soie plié et contre-plié abritant des paillettes et des photos, des documents dédoublés que mes souvenirs laissent échapper aujourd'hui, l'oeuvre convoque toutes les grandes thématiques du travail d'Anne Deguelle : les phénomènes lumineux, les récollements d'images anciennes que le glissement du temps réactualise, l'astronomie, le double et l'Histoire de l'Art.

Car cette oeuvre proche du mail-art résonne avec les grand mouvement du XXème siècle, du Futurisme à DADA, des surréalistes aux  nouveaux-réalistes en passant par FLUXUS ou Art & Langage...les artistes ont souvent tenté de mettre en relation leurs travaux par l'échange épistolaire, les invitations détournées et la communication de leurs idées...

En proposant de redessiner de nouvelles constellations (ce que n'aurait pas renié Robert Filliou), de recueillir des paillettes éparses (rappelant le  "Happy Flux Year" de Georges Maciunas, collection MAC Lyon), de jouer des glissements, des jeux iconographiques entre l'éclispe astronomique et la crème de cirage éclipse; Anne Deguelle articule de multiples degrés de lectures en inscrivant le sens de cette oeuvre que j'aime profondément dans une ré-actualisation, une posture de et dans l'Histoire de l'art.
Une longue histoire faite d'oscillations, de comètes oubliées que l'on redécouvre, de tempêtes solaires avant-gardistes et de lumières d'étoiles capablent de nous éclairer durant des siècles.



George Maciunas, New Flux Year, 1966, capture d'écran Navigart  



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