Vendredi Astronomie : Evariste Richer, Le rayon Vert, 2005, collection FRAC Lorraine

 

Evariste Richer, Le Rayon Vert, 2005, collection FRAC Lorraine

C'est une oeuvre d'une simplicité désarmante.
Un néon est positionné à hauteur du regard dans l'espace d'exposition. En général le néon est éteint et chaque soir au moment du coucher du soleil, à l'ultime instant du jour, le néon s'éclaire l'espace d'une seconde.
Le rayon vert est un phénomène astronomique bien réel. Je ne maitrise pas clairement la terminologie de cet évènement mais c'est en quelque sorte un mirage que l'oeil perçoit en voyant les derniers rayons du soleil qui basculent derrière la courbe terrestre. Ces derniers rayons perdent la couleur rouge dans le spectre, ce qui accentue la longueur d'onde verte...d'où notre perception d'un rayon.


Dan Flavin (1933-1996), Capture d'écran Google Images


L'oeuvre s'inscrit dans une filiation multiple. Formellement elle est proche de l'art minimal américain, avec les oeuvres de Dan Flavin (1933-1996) qui tentait de jouer et déjouer les phénomènes optiques de la couleur, d'offrir une matérialité à la lumière.
  
                                         
                                          Alighiero Boetti, Lampada annuale, 1966, (pas localisation trouvée)

Plus proche encore de la pièce d'Evariste Richer , Lampada annuale de Alighiero Boetti (1940-1994). Cette icône de l'arte povera de 1966 est une boite contenant une ampoule qui s'allume 11 secondes tous les ans. Personne ne sait jamais quand, si bien que l'oeuvre est un phénomène plus qu'une idée (certains ne sont pas d'accord ici) qui instaure un dialogue avec le visiteur, le hasard.
Mais Evariste Richer offre un rendez-vous possible avec l'oeuvre, le regardeur va peu à peu réaliser qu' au fil des saisons et des changements d'horaire du coucher du soleil que le temps nous échappe et fuit.


Marcel Duchamp (1887-1968), étude pour le rayon vert, 1947, Museum of Art, Philadelphie


Marcel Duchamp (1887-1968) a développé une installation aujoud'hui disparue qui s'appelait Le Rayon Vert. Seule subsiste l'étude pour le protocole d'installation qu'il ne pouvait réaliser à l'époque. 
C'est Juliette Roduit (scénographe et architecte d'intérieure suisse) qui fait une reconstitution de cette oeuvre en 2013 pour l'exposition : Lémacolia, traité artistique du Léman.


Juliette Roduit, reconstitution du Rayon Vert de Marcel Duchamp, 2013


L'oeuvre est une installation en deux dimensions qui comme souvent chez Marcel Duchamp questionne notre relation au réel et à la vision (comme dans son installation posthume : Etant donnés : 1° la chute d’eau, 2° le gaz d’éclairage, en moins sexuel). Là où le regard devait basculer dans un espace, nous sommes ici complètement extérieur à l'installation, malgré l'occulus. C'est une oeuvre moyenne, dont l'originale a probablement bien fait de disparaitre.

Sinon en vrac, le rayon vert inspire un roman à Jules Verne en 1882, une scène de Pirates des Caraïbes 23 (peut-être le 42) et surtout...surtout...par dessus tout...un film sublime de Eric Rohmer de 1986 où une jeune femme habillée de rouge fait la course à l'amour jusqu'à ce que le Rayon Vert ne révèle la passion qui va naitre. (un de mes films préférés) !






Eric Rohmer, dernière scène, Le Rayon Vert, 1986













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