Article imposé : Le flamant rose du XVIIème siècle à nos jours.

                                         

En l'honneur de ma collègue Julie avec qui je tue le temps 7h par jour, voici un second article imposé. Et parce que Julie a pour animal totem le flamant rose...la thématique du jour est : le flamant Rose !

Chez ma collègue Julie

Alors c'est vrai, on le voit partout, déco, vêtement, design, photographie, gastronomie, bouée...il était LA star des ornementations de l'été. 1 610 000 résultats sur google images avec les mots clé : flamant / rose / déco...c'est dire. Cet article n'a rien d'exhaustif, il tente juste de mettre en parallèle un corpus d'images et d'historiographer un peu cet animal dans le cours des arts.

Le flamant rose fait son apparition assez tard dans l'iconographie. En lien avec les ornithologues, naturalistes, et autres peintres animaliers du XVII et XVIIIème siècle.

Anonyme, vers 1619, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

Buffon (1707-1788), Histoire Naturelle, 1770, Bibliothèque Nationale de France

Le but de ces représentations était avant tout scientifique. On tente de reproduire de manière hyperréaliste une créature afin de pouvoir inventorier comparer et connaitre les espèces animales.

Le flamant rose est récurrent dans la peinture flamande (et ce n'est pas un jeu de mots). il se retrouve dans de nombreuses allégories des éléments (terre-air-feu-eau). Associé à l'air dans des compositions panoramiques où les artistes tentent de peindre toutes les espèces d'oiseaux alors connus, maitrisés par une figure anthropomorphe.

Brueghel (1564-1636), Allégorie de l'Air, 1621, Musée du Louvre

Viennent ensuite plus tardivement (fin XIXème début XXème) des effigies où le flamant rose est "dénaturé" pour être utilisé comme un motif. En jouant avec ses courbes, les artistes développent des travaux élégants où l'animal réduit à de simples lignes et cambrures devient une formule gracieuse qui oscille entre la calligraphie extrême orientale et l'art symboliste. C'est le cas notamment pendant la période Art Nouveau.
 
Ernst Emmanuel Muller, (1844-1915) alphabet flamant rose, 1903, Lithographie, Bibliothèque nationale de France

Adolphe Cossard (1880-1952), Une du magazine Cocorico, 1900

Et puis, il n'y a pas que la beauté du flamant rose...il y aussi son goût. Un si bel animal doit aussi être tout à fait comestible. Prétexte à Henri Emilien Rousseau  (1875-1933) et sa Chasse aux flamants roses. Datée de 1904, cette œuvre typique de l'artiste (dissolution de la lumière, toute puissance de la touche colorée proche de Delacroix, des impressionnistes, et puis l'Orient avec ses paysages, sa chaleur et ses bog☆☆☆!

henri Emilien Rousseau (1875-1933), chasse aux flamands roses, 1904, collection particulière

Et puis ben "comme dans les...   comme dans les tableaux...du Douanier Rousseau" : modernité, simplicité, rêve éveillé.

Le Douanier Rousseau, Flamants roses, 1907

Mais l'âge d'or, the Golden Age of the Flamingo c'est les années 70. 
Vous vous demandez comment cette vague de plumes roses est arrivée jusqu'en 2020 ? Vous voulez savoir pourquoi nous en trouvons de partout, mais vraiment partout ? Et ben c'est grâce à lui :

Don Feartherstone (1936-2015)

Don Featherstone (ici), un artiste qui en 1957 décide de produire de petits flamants roses en plastique qui deviendront les icônes des jardins américains de cette période jusqu'à rentrer dans l'imaginaire collectif.  À la frontière de l'esthétique kitsch, à la lisière de la société de consommation, on estime aujourd'hui que 17 millions de ses créations se trouvent sur notre planète. (probablement plus que la population de flamants vivants).
C'est Pourquoi Mauro Manetti invente le flamant rose de luxe, en argent sur piètement en marbre parce que le plastique "c'est pour les pauvres" (l'ananas en argent à 12 000 € c'est aussi lui) 

mauro Manetti, capture Google Images

En réponse au plastique, à l'argent, à la miniaturisation...le gigantisme ! Et qui de mieux qu'Alexander Calder (1898-1976) pour nous faire lever les yeux, pour nous dégommer les mirettes par une sculpture monumentale de 50 tonnes ? Son Flamingo de 1974 installé à Chicago est l'une des icônes de l'artiste. En confrontant les courbes rouges de la sculpture à la rigueur des gratte-ciels, Calder tente depuis les années 60 de faire dialoguer sculpture et espace publique, sensation et circulation.

Alexander Calder (1898-1976), Flamingo, 1974, Chicago


Entre objets de luxes et objets de masse...il n'y a que la mode pour investir un territoire entre le CLASSE et le MAUVAIS GOUT. Les marques de luxe ravivent des images de nos inconscients pour nous vendre les trucs les plus cools de l'air du temps. 
Le flamant c'est rose, c'est plumet(iss)eux...c'est juste trop cool ! Gucci nous la joue "regarder mes animaux de compagnies d'aristo décadente"

Gucci, campagne pre-fall 2018, Glen Luchford

Ou si vous préférez un total-look et que vous assumez le surréalisme, Schiaparelli Couture vous propose le smoking-cape  Flamingo :

Schiaparelli couture, 2018

Enfin parce que sur ce blog on kiffe on surkiffe l'art contemporain, impossible de passer à côté de l'américain  Jeff Koons (né en 1955). Alors il ne s'agit pas à proprement parler d'un flamant rose, la sculpture s'appelle Balloon Swan ..mais bon c'est un oiseau et c'est rose...donc c'est un flamant rose.

Jeff Koons (né en 1965), Balloon Swan, 2004-2011, acier inoxydable poli miroir


On retrouve toutes les obsessions de Jeff Koons. Illusionnisme d'une sculpture à l'aspect léger comme une plume mais qui pèse plusieurs tonnes. Car l'art de Koons ne tourne qu'autour de cette question. Tensions, relâchements, orifices déguisés par les entrelacs d'une sculpture ludique qui n'est en fait que
lubrique.


  
PHALLUS Balloon Swan Capture d'écran  (désolé pour la qualité)      ORIFICE de Balloon Swan (désolé pour la qualité)


Et pour finir l'artiste israélienne Nira Pereg (née en 1969), son installation 67 Bows est un film tourné en 2006 dans la volière du zoo de Karlsruhe en Allemagne. Nous observons un groupe de flamants qui vivent paisiblement. Un tour à la mangeoire par-ci, un battement d'aile, des regards coquins par là, le tout sur une bande son centrée autour de bruits humains disruptifs et inquiétants. Est-ce une citation sur les camps de concentration (l'artiste est israëlienne, le zoo allemand...mais c'est un peu simpliste) ? Est-ce une recherche plastique sur le réel et l'artificiel (l'animal étant par excellence un acteur de l'instant que l'on ne peut contrôler, même quand on est Stanley Kubrick) ? Je ne sais pas...
Une partie de la vidéo est ici


Et puis en vrac :

Wallis Simpson et sa broche Cartier dont le sertissage est novateur pour l'époque :
Broche flamant rose, commande de 1940, Cartier

Divine dans son rôle de Divine dans Pink Flamingo, 1972

cette tentative anonyme de Design-Folk-Craft Art...qui me donne envie d'une piña colada au bord de ma piscine des Bahamas,  la veine offerte à une nuée de moustiques tigres.



Et enfin, les plus légendaires ! Mes amis Bouchy et Nieunel...parents de la magnifique, la sublime petite Tessa qui est née hier dimanche 04 octobre 2020....Félicitations à vous deux....#legendary !

       










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